Le footballeur français Karim Benzema a été la cible de critiques de l’extrême droite après avoir posté une photo de lui en tenue traditionnelle saoudienne sur son compte Instagram.
Le 23 septembre, Benzema a publié une photo de lui en thobe, un vêtement traditionnel masculin en Arabie saoudite, à l’occasion de la fête nationale du pays. La photo a été likée plus de 2,5 millions de fois.
Le lendemain, le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, a critiqué la photo sur la chaîne de télévision BFM TV. Il a déclaré que Benzema était « un compagnon de route de l’idéologie islamiste » pour avoir porté une tenue traditionnelle d’un pays « islamiste, rigoriste ».
Bardella a également déclaré que Benzema était « cohérent » dans ses choix, puisqu’il avait déjà été accusé de radicalisation religieuse par l’extrême droite.
En 2020, Benzema avait été photographié en compagnie de l’imam de Meaux, dont la mosquée avait été perquisitionnée après la décapitation de l’enseignant Samuel Paty. À la même époque, une autre photographie de Benzema le montrait le doigt pointé vers le ciel, geste qui avait été interprété comme un symbole du jihadisme.
Benzema avait déposé plainte pour diffamation contre un proche d’Eric Zemmour, qui avait relayé cette interprétation. Le politicien avait été relaxé par le tribunal de Lyon.
Les critiques de Bardella ont été condamnées par de nombreuses personnalités, dont le ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra. Elle a déclaré que Benzema était « un champion de France et un modèle pour beaucoup de jeunes ».
Benzema a lui-même répondu aux critiques sur Twitter. Il a déclaré qu’il était « fier de ses origines » et qu’il « respectait toutes les religions ».
La polémique autour de la photo de Benzema en tenue traditionnelle saoudienne est révélatrice de l’instrumentalisation de l’islam par l’extrême droite. Bardella a utilisé cette photo pour alimenter les accusations de radicalisation religieuse à l’encontre de Benzema, qui est musulman.
Ces accusations sont sans fondement, mais elles sont efficaces pour mobiliser l’électorat de l’extrême droite, qui est souvent hostile à l’islam.
La polémique est également révélatrice de la différence de traitement dont font l’objet les musulmans en France. Alors que les chrétiens sont libres de porter des symboles de leur religion sans être inquiétés, les musulmans sont souvent stigmatisés pour leurs pratiques religieuses.