Plus de 80 millions de cas de Covid-19 ont été recensés en neuf semaines, depuis l’arrivée du variant Omicron, a dit lundi l’Organisation mondiale de la santé (OMS), relevant que le potentiel d’un nouveau variant « plus contagieux et plus mortel est très réel ».
« Il existe différents scénarios sur la manière dont la pandémie pourrait se dérouler et dont la phase aiguë pourrait se terminer, mais il est dangereux de supposer qu’Omicron sera le dernier variant ou de parler de fin de partie », a déclaré le Directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au début d’une réunion de quelques jours du conseil exécutif de l’organisation à Genève.
Il a averti que les conditions sont « idéales » actuellement dans le monde pour que d’autres variants émergent. Le potentiel d’un variant « plus transmissible et plus mortel est très réel », a insisté M. Tedros.
Dans le même temps, il est possible de mettre fin à la phase aiguë de la pandémie cette année, a affirmé ce lundi 24 janvier le chef de l’OMS, même si le coronavirus provoque un décès toutes les 12 secondes dans le monde.
« Nous pouvons mettre fin à la phase aiguë de la pandémie cette année – nous pouvons mettre fin à la Covid-19 en tant qu’urgence sanitaire mondiale », le niveau d’alerte le plus élevé de l’OMS, a fait valoir le Dr Tedros.
Un décès toutes les 12 secondes
Pour mettre fin à la phase aiguë de la pandémie, les pays ne doivent pas rester les bras croisés, et doivent entre autres lutter contre l’iniquité vaccinale, surveiller le virus et ses variants et prendre des mesures de restrictions adaptées, a-t-il expliqué. Pour changer le cours de la pandémie, il s’agit donc de « modifier les conditions qui l’alimentent », a dit le chef de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, reconnaissant par ailleurs que « tout le monde en a assez de cette pandémie de Covid-19 ».
« Les gens en ont assez des restrictions imposées à leurs déplacements, à leurs voyages et à leurs autres libertés, les économies et les entreprises sont en difficulté et de nombreux gouvernements marchent sur la corde raide, tentant de trouver un équilibre entre ce qui est efficace et ce qui est acceptable pour leur population », a-t-il détaillé.
Près de 350 millions de cas ont été comptabilisés dans le monde dont plus de 5,5 millions de décès. En moyenne, la semaine dernière, la Covid-19 a fait un décès toutes les 12 secondes, et 100 cas ont été signalés toutes les trois secondes, a indiqué le Dr Tedros.
Le monde vivra avec la Covid-19 « dans un avenir prévisible »
L’apparition du variant Omicron en novembre a fait bondir les cas dans le monde, avec plus de 80 millions de cas signalés depuis. « Jusqu’à présent, l’explosion des cas n’a pas été suivie d’une flambée des décès, même si ceux-ci augmentent dans toutes les régions, en particulier en Afrique, la région qui a le moins accès aux vaccins », a affirmé le chef de l’OMS.
« Il est vrai que nous vivrons avec la Covid dans un avenir prévisible (…) mais apprendre à vivre avec le coronavirus ne doit pas signifier que nous devons lui laisser la voie libre. Cela ne doit pas signifier que nous devions accepter que près de 50.000 personnes décèdent chaque semaine d’une maladie que l’on peut prévenir et traiter », a prévenu le Dr Tedros.
Dans ces conditions, le chef de l’OMS estime que le monde vivra avec la Covid-19 « dans un avenir prévisible, et devrons apprendre à le gérer par le biais d’un système soutenu et intégré pour les maladies respiratoires aiguës, qui fournira une plate-forme pour la préparation aux futures pandémies ». Mais pour autant, « apprendre à vivre avec la Covid ne signifie pas que nous allons laisser la voie libre à ce virus ».
Atteindre l’objectif de vacciner 70% de la population de chaque pays
Cela ne signifie pas accepter que près de 50.000 personnes meurent chaque semaine d’une maladie évitable et traitable. Selon l’OMS, il ne s’agit pas d’accepter « une charge inacceptable pour les systèmes de santé, alors que chaque jour, des travailleurs de la santé épuisés se rendent une fois de plus en première ligne. « Cela ne peut pas signifier que nous parions sur un virus dont nous ne pouvons ni contrôler, ni prévoir l’évolution », a-t-il fait valoir.
Malgré cette mise en garde, le Dr Tedros a encore affirmé qu’il est possible de mettre un terme à l’urgence internationale de santé publique cette année, à condition d’avoir une attitude adaptée. « Si les pays utilisent l’ensemble de ces stratégies et outils de manière globale, nous pouvons mettre fin à la phase aiguë de la pandémie cette année – nous pouvons mettre fin à la Covid-19 en tant qu’urgence sanitaire mondiale, et nous pouvons le faire cette année », a-t-il dit.
Pour y arriver et même si « les vaccins seuls ne sont pas le billet en or pour sortir de la pandémie », il faut atteindre l’objectif de vacciner 70% de la population de chaque pays, en mettant l’accent sur les groupes les plus à risque. En attendant, plus de 85 Etats n’ont toujours pas atteint l’objectif, établi pour la fin de l’année dernière, de vacciner au moins 40% de leur population. Cette part est inférieure à 10% dans plus d’une trentaine d’entre eux.
Cinq priorités pour le monde et pour l’avenir de l’OMS
Depuis plusieurs mois, le chef de l’OMS ne cesse de demander inlassablement aux Etats membres d’accélérer la distribution de vaccins dans les pays en développement, avec pour objectif de parvenir à vacciner 70% de la population de chaque pays mi-2022. Or, en Afrique, 85% de la population n’a pas encore reçu une seule dose de vaccin, a-t-il pointé. La moitié des 194 Etats membres de l’OMS ont déjà raté l’objectif de 40% de couverture vaccinale pour fin 2021, selon l’OMS.
Plus largement, si mettre fin à la phase aiguë de la pandémie doit rester une « priorité collective », le chef de l’OMS a décliné les contours d’une nouvelle vision. Parmi ces cinq priorités essentielles pour le monde, l’OMS entend aider les pays à opérer un changement de paradigme urgent pour promouvoir la santé et le bien-être et prévenir les maladies en s’attaquant à leurs causes profondes. La deuxième priorité consiste à soutenir une réorientation radicale des systèmes de santé vers les soins de santé primaires, qui constituent le fondement de la couverture sanitaire universelle.
La troisième priorité consiste à renforcer d’urgence les systèmes et les outils de préparation et d’intervention en cas d’épidémie et de pandémie à tous les niveaux. La quatrième priorité consiste à exploiter le pouvoir de la science, de la recherche, de l’innovation, des données et des technologies numériques en tant que catalyseurs essentiels des autres priorités. La cinquième priorité consiste à renforcer d’urgence l’OMS en tant qu’autorité dirigeante et directrice de la santé mondiale, au centre de l’architecture sanitaire mondiale.