Quel avenir pour la presse tunisienne à l’ère du numérique ?
La transformation digitale est devenue une nécessité incontournable pour les entreprises de presse tunisiennes cherchant à continuer à exister dans un monde où la technologie évolue très rapidement. Pourtant, nombreuses sont celles parmi elles qui rencontrent divers défis et obstacles lors de ce processus complexe.
L’Académie de la Fédération Tunisienne des Directeurs de Journaux (FTDJ) vient d’organiser une conférence-débat consacrée à explorer ces obstacles, tout en mettant en avant les enjeux et les meilleures approches pour accompagner efficacement les entreprises de presse dans leur parcours de digitalisation.
Le débat a réuni M. Mansoor Al Khater, directeur général de l’opérateur de télécommunications « Ooredoo Tunisie » avec une pléiade de directeurs de journaux publics et privés, ainsi que le PDG de l’Agence Tunis Afrique Presse Najeh Missaoui, et le PDG de l’Établissement de la Télévision Tunisienne, Chokri Ben Ncir.
Il a permis d’examiner l’impact des avancées technologiques, notamment l’essor de la 5G et de l’intelligence artificielle, sur l’avenir des médias tunisiens et les défis auxquels la presse écrite et numérique est confrontée.
Lors de son mot de bienvenue, le président de la Fédération Tunisienne des Directeurs de Journaux, Taïeb Zahar, a mis en avant le rôle-clé des opérateurs dans l’accompagnement de la transition numérique des entreprises de presse. Il a souligné que le choix de Mansoor Al Khater comme intervenant principal lors de cette rencontre s’inscrit dans cette logique, en raison de l’importance de la mise en place d’un plan de transformation digitale efficace pour l’avenir des médias.
Il a également rappelé que l’Académie, fraîchement créée, ambitionne d’organiser régulièrement des conférences et des rencontres afin d’offrir aux dirigeants de journaux et aux acteurs du secteur une meilleure compréhension des mutations en cours et des enjeux stratégiques qui en découlent. L’objectif est de les aider à encadrer leurs équipes rédactionnelles et à améliorer la qualité du contenu médiatique.
Le vice-président de la FTDJ, Hafedh Ghribi, a insisté par la suite sur l’importance de préserver un journalisme indépendant et de qualité, tout en s’adaptant aux nouvelles exigences du numérique. Il a mis en lumière les efforts déployés par l’Académie pour proposer des formations continues visant à renforcer les compétences des professionnels du secteur et à moderniser la presse écrite, qu’elle soit papier ou numérique. Il a également souligné la nécessité de s’inspirer des expériences internationales et d’établir des partenariats avec des institutions internationales afin de favoriser l’échange de connaissances et le transfert d’expertise.
De son côté, le DG d’Ooredoo Tunisie Mansoor Al Khater a rappelé que les nouvelles technologies jouent un rôle déterminant dans la modernisation du secteur médiatique. Il a expliqué que les opérateurs télécoms ne se contentent plus de fournir des services, mais qu’ils sont désormais des acteurs incontournables du développement de l’économie numérique. Il a précisé qu’Ooredoo Tunisie investit massivement dans le déploiement des réseaux 5G et de la fibre optique, offrant ainsi aux médias des infrastructures performantes leur permettant d’optimiser leur diffusion et d’atteindre un public plus large. Il a également mis en exergue les défis majeurs auxquels est confrontée la presse traditionnelle face à la montée en puissance des plateformes numériques et des réseaux sociaux. Selon lui, les médias doivent impérativement s’approprier les nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle et l’analyse des mégadonnées, afin de proposer un contenu plus pertinent, fiable et à forte valeur ajoutée.
Par ailleurs, Mansoor Al Khater a affirmé qu’Ooredoo Tunisie développe des solutions numériques adaptées aux besoins des médias, incluant des services de stockage cloud, des connexions internet ultra-rapides et des outils facilitant l’adoption de modèles économiques basés sur les abonnements numériques et la publicité ciblée.
Il a aussi indiqué qu’Ooredoo Tunisie pourra appuyer la mise en place d’un centre de développement de transformation digitale des journaux tunisiens.
Les intervenants ont rappelé que les principaux défis auxquels les entreprises de presse font face lors de la transformation digitale sont d’ordre financiers et technologiques en plus de la résistance au changement. Cette résistance peut provenir de certains journalistes, mais aussi des cadres dirigeants, qui peuvent percevoir la digitalisation comme une menace à leurs méthodes traditionnelles. De plus, la transformation requiert souvent une refonte complète du journal, centrée autour de l’innovation et de l’agilité.
Les discussions ont permis d’échanger sur l’avenir du journalisme en Tunisie et les stratégies à mettre en place pour accompagner la transformation numérique du secteur. Il a été unanimement reconnu que l’adaptation aux nouvelles technologies n’est plus une option, mais une nécessité pour garantir la pérennité des médias.
L’importance de la formation des journalistes aux outils numériques et le renforcement des synergies entre les secteurs public et privé ont également été mis en avant afin de favoriser l’innovation et l’émergence d’un écosystème médiatique plus dynamique.
Tous les intervenants ont été unanimes que la transformation digitale permet aux entreprises de presse d’améliorer leur productivité, et d’innover plus rapidement. Pour beaucoup, il s’agit d’une opportunité d’optimiser leur chaîne de valeur grâce à l’adoption de nouvelles technologies, telles que le cloud computing, l’intelligence artificielle et l’Internet des objets (IoT).
La conférence s’est clôturée par une série de recommandations visant à renforcer la collaboration entre les médias et les entreprises technologiques, notamment les opérateurs de télécommunications, et à mettre en place des stratégies de transformations digitales efficaces, garantissant un équilibre entre innovation et respect des principes éthiques du journalisme. L’objectif est de bâtir un paysage médiatique moderne, capable de répondre aux défis de l’ère numérique et d’assurer une information crédible et de qualité accessible à tous.
