Le Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux a déclaré suivre de près la souffrance des habitants de la ville de Ksibet El Médiouni, causée par le déversement anarchique des eaux usées par l’Office National de l’Assainissement (ONAS) au niveau de la station de Sayada-Lamta-Bouhjar.
La FTDES a édité dans ce cadre le communiqué suivant :
« Les habitants se sont réveillés une fois de plus face à des odeurs nauséabondes, la mort de nombreuses espèces marines (poissons, crabes, et autres), et une mer virant au jaune — un spectacle devenu habituel chaque été.
Depuis près de vingt ans, les violations environnementales dans le golfe de Monastir se poursuivent en raison des rejets continus d’eaux usées domestiques et industrielles par les stations d’épuration et les usines. Et ce, malgré les appels répétés de toutes les parties concernées — société civile, autorités locales, experts et citoyens — pour stopper cette hémorragie.
Les habitants des villes du golfe, en particulier Ksibet El Médiouni, Lamta et Sayada, souffrent de la pollution engendrée par la station d’épuration Sayada-Lamta-Bouhjar, qui est hors service depuis de nombreuses années. Cela a entraîné des conséquences environnementales, économiques et sociales graves, sans aucune intervention des autorités concernées par la question environnementale.
Et ce, malgré les accords conclus avec la société civile sous la supervision des autorités régionales et centrales, dont la partie relative à la fermeture de la station et sa transformation en station de pompage n’a jamais été appliquée. Cela a mené les pêcheurs et les habitants à un état de grande colère en raison des violations environnementales répétées.
Face à cette violation continue du droit des habitants du golfe à vivre dans un environnement sain et dans des conditions de vie dignes, le Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux :
- Demande aux autorités de déclarer l’état d’urgence environnementale, accompagné de mesures urgentes, à moyen et à long terme pour sauver ce qui peut l’être des écosystèmes et des systèmes de production dans le golfe de Monastir ;
- Exprime sa solidarité totale avec les habitants de Ksibet El Médiouni et toutes les victimes des violations environnementales continues dans le golfe de Monastir ;
- Appelle les autorités concernées par la question environnementale à assumer leurs responsabilités légales et morales, à stopper l’hémorragie de la pollution et à tenir pour responsables toutes les parties ayant contribué à ces catastrophes à travers des choix et des politiques environnementales défaillantes ;
- Condamne fermement la politique de négligence menée par les autorités compétentes, notamment le ministère de l’Environnement et l’ONAS, face à la destruction méthodique de la richesse marine et à la violation du droit des citoyens à une vie digne
- Rappelle que le droit à un environnement sain est un droit constitutionnel, que les institutions de l’État doivent garantir à tous les citoyens et citoyennes ;
- Dénonce la politique de procrastination adoptée par les parties prenantes dans le dossier de la pollution du golfe de Monastir, en dépit de l’existence d’accords et de propositions concrètes émanant de la société civile ;
- Considère que l’absence de volonté politique dans ce dossier pourrait engendrer des tensions et une agitation sociale dont la responsabilité incombera aux autorités en charge du secteur environnemental ;
- Avertit que la poursuite de ces politiques d’indifférence et d’irresponsabilité a exacerbé le sentiment d’injustice et d’exclusion parmi les habitants, et a accru la perte de confiance dans les institutions de l’État et leur capacité à protéger leurs droits fondamentaux.