À Gaza, au moins 100.000 personnes déplacées ont afflué vers Rafah ces derniers jours, ont déclaré vendredi les agences humanitaires de l’ONU, cet afflux aggravant les conditions déjà désastreuses dans la partie la plus méridionale de l’enclave palestinienne.
« Une population traumatisée et épuisée » est « entassée sur une parcelle de terre de plus en plus petite », a averti vendredi le chef des secours d’urgence de l’ONU, Martin Griffiths, sur la plateforme sociale X.
Mais de sérieux obstacles persistent pour apporter davantage d’aide à ceux qui en ont besoin, dans un contexte de bombardements israéliens incessants et d’intenses combats sur le terrain.
Dans un message sur la plateforme X, le Directeur des affaires de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Gaza, Tom White, a accusé vendredi des soldats israéliens d’avoir tiré sur un convoi humanitaire alors qu’il revenait du nord de Gaza le long d’une route désignée par l’armée israélienne. Un véhicule a été endommagé.
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, l’OCHA, a cité des rapports des autorités sanitaires de Gaza selon lesquels la moitié de toutes les femmes enceintes cherchant refuge dans les refuges de l’enclave souffrent de soif, de malnutrition et d’un manque de soins de santé. Il y a un manque de vaccinations pour les nouveau-nés et un enfant déplacé sur deux est confronté à la déshydratation, à la malnutrition et aux maladies.
Quelque 1,9 million de Gazaouis, soit 85% de la population de l’enclave, ont été déplacés depuis le début des représailles israéliennes suite aux attaques meurtrières du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre.
Une surpopulation désastreuse
Selon l’OCHA, la dernière vague de déplacements a été provoquée par une intensification des hostilités dans la ville méridionale de Khan Younis et à Deir al Balah, dans le centre de Gaza, ainsi que par des ordres d’évacuation émis par l’armée israélienne.
Il y a une dizaine de jours, Rafah était déjà considérée comme la zone la plus densément peuplée de Gaza, dépassant 12.000 habitants par kilomètre carré, a déclaré l’OCHA, soit plus qu’à New York.
L’accès à l’aide compromis
Malgré une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée la semaine dernière appelant à une intensification des livraisons d’aide à l’enclave, l’accès aux personnes dans le besoin reste extrêmement insuffisant.
Seuls 76 camions sont entrés à Gaza depuis l’Égypte via le terminal de Rafah jeudi, « bien en dessous de la moyenne quotidienne de 500 camions (y compris du carburant et des biens du secteur privé) qui entraient chaque jour ouvrable avant le 7 octobre », a noté l’OCHA.
« Vous pensez qu’il est facile d’acheminer de l’aide à Gaza ? Détrompez-vous », a écrit vendredi Martin Griffiths sur X. Il a énuméré les obstacles auxquels sont confrontés les humanitaires travaillant pour aider les populations de la bande de Gaza, notamment « trois niveaux d’inspections avant même que les camions puissent entrer », des points d’entrée insuffisants, des « bombardements constants » et des routes endommagées.
« C’est une situation impossible pour la population de Gaza et pour ceux qui tentent de l’aider. Les combats doivent cesser », a-t-il insisté.
La semaine dernière, le chef de l’ONU, António Guterres, a déclaré qu’« une opération d’aide efficace à Gaza nécessite la sécurité ; du personnel capable de travailler en toute sécurité ; une capacité logistique; et la reprise de l’activité commerciale ».
« Ces quatre éléments n’existent pas », a-t-il estimé.
« Course contre la montre » pour apporter de la nourriture
Malgré les défis, les humanitaires ont continué à faire tout leur possible pour aider les Gazaouis désespérés. Jeudi, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a distribué des colis alimentaires à 10.000 familles déplacées dans des camps de fortune à Rafah.
L’OCHA a rapporté que quelque 200 dirigeants communautaires ont été identifiés pour collecter de l’aide au nom des familles dans leurs communautés, chaque colis couvrant les besoins alimentaires d’une famille pendant 10 jours.
« Incroyable de voir la collaboration entre l’équipe et les communautés alors que nous menons une course contre la montre pour livrer de la nourriture vitale à Gaza », a écrit le Représentant du PAM en Palestine, Samer AbdelJaber, sur la plateforme X.
La distribution devait se poursuivre vendredi, après que des contraintes de temps et de sécurité ont fait que seulement 45% des personnes ciblées par l’assistance ont été atteintes le premier jour.
La semaine dernière, les humanitaires ont averti que plus d’un foyer sur quatre à Gaza souffrait d’une faim « catastrophique ». Le risque de famine dans la bande de Gaza au cours des six prochains mois a été confirmé par le dernier rapport de classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC), qui a montré que l’ensemble de la population de Gaza, soit environ 2,2 millions de personnes, subit une insécurité alimentaire aiguë à des niveaux de « crise ou pire ».