Le récent coup d’État militaire au Niger suscite des préoccupations quant à son impact sur l’approvisionnement en uranium en provenance de ce pays, une matière essentielle pour alimenter les centrales nucléaires françaises.
Alors que le secteur nucléaire représente les deux tiers de la production d’énergie en France, il est crucial de comprendre l’origine de cette ressource et les enjeux liés à la dépendance vis-à-vis des importations étrangères.
L’uranium, un élément vital pour la production d’électricité nucléaire
L’uranium est un métal radioactif présent dans le sol terrestre. Sa concentration moyenne est de 2 à 3 grammes par tonne dans la croûte terrestre, ce qui en fait une ressource relativement répandue. L’uranium se décompose en deux principaux isotopes : l’uranium 238 (99,3 %) et l’uranium 235 (0,7 %).
Cependant, pour être utilisé comme combustible dans les centrales nucléaires, l’uranium doit contenir entre 3 et 5 % d’uranium 235. C’est pourquoi il subit un processus d’enrichissement avant d’être employé dans la production d’énergie nucléaire.
Une stratégie de diversification de l’approvisionnement en uranium
La France, qui n’a plus de mines d’uranium en activité depuis 2001, dépend entièrement des importations étrangères pour son approvisionnement en uranium. Dans le but de garantir la sécurité de cette source, le gouvernement a adopté une stratégie de diversification des fournisseurs.
Entre 2005 et 2020, les principales importations d’uranium brut vers la France provenaient principalement de quatre pays :
Le Kazakhstan : 27 748 tonnes (20,1 %)
L’Australie : 25 804 tonnes (18,7 %)
Le Niger : 24 787 tonnes (17,9 %)
L’Ouzbékistan : 22 197 tonnes (16,1 %)
Cette diversification offre une certaine stabilité, mais elle soulève aussi des questions géopolitiques et éthiques, car certains de ces pays fournisseurs peuvent ne pas respecter les droits de l’homme ou être sujets à des tensions politiques.
La consommation actuelle d’énergie nucléaire en France : une sécurité à court terme
Malgré sa dépendance vis-à-vis des importations, la France dispose de réserves d’uranium nationales ainsi que de combustibles recyclés, qui pourraient suffire à la consommation actuelle pour les trois prochaines années.
Cependant, l’urgence de réduire la dépendance aux ressources minières et de s’orienter vers des sources d’énergie plus durables, telles que les énergies renouvelables, est soulignée.
Niger, France et les enjeux de l’uranium
Le Niger, l’un des principaux fournisseurs d’uranium pour la France, dépend fortement de cette exportation pour son économie. Malgré ses vastes réserves d’uranium, le pays demeure l’un des moins développés au monde, se classant 189e sur 191 pour l’Indice de Développement Humain en 2021.
La proximité économique avec la France a souvent engendré des tensions, avec des demandes récurrentes des présidents nigériens pour des prix d’achat plus élevés à Orano (ex-Areva), le producteur de combustible nucléaire français.
Tout comme les précédents coups d’État au Niger, le coup d’État récent suscite des questions sur la sécurité des sites d’Orano assurée par l’armée nigérienne, et soulève des interrogations quant à la contrepartie diplomatique que la France pourrait devoir offrir pour maintenir ses activités au Niger.
Enjeux éthiques
La dépendance de la France à l’égard de l’uranium soulève également des problèmes éthiques, car elle l’oblige à nouer des partenariats avec des pays qui pourraient violer les droits de l’homme ou utiliser l’énergie comme arme économique, comme cela a été illustré par l’invasion russe en Ukraine.
Le coup d’État militaire au Niger suscite des inquiétudes quant à l’approvisionnement en uranium pour la France. Bien que les approvisionnements soient actuellement assurés, les enjeux géopolitiques, économiques et éthiques soulignent la nécessité pour la France de diversifier ses sources d’énergie et de s’orienter davantage vers des solutions durables pour garantir sa sécurité énergétique à long terme.