Dans un tournant spectaculaire du conflit larvé entre Israël et l’Iran, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a annoncé dans un communiqué officiel que l’armée israélienne avait mené des frappes ciblées contre plusieurs sites stratégiques dans la capitale iranienne, dont la tristement célèbre prison d’Evin, emblème de la répression politique en République islamique.
Cette opération, qualifiée par Israël de « sans précédent », s’inscrit dans une intensification assumée de sa stratégie de pression directe sur les organes sécuritaires du régime iranien. « Conformément aux instructions du Premier ministre Benjamin Netanyahu et à ma propre décision, nos forces mènent en ce moment une série d’attaques puissantes visant les structures centrales du pouvoir répressif iranien à Téhéran », a précisé Gallant dans sa déclaration.
Parmi les cibles mentionnées figurent des installations hautement symboliques et sensibles : le siège des milices paramilitaires du Basij, connues pour leur rôle dans l’écrasement des manifestations internes ; le quartier général de la sécurité intérieure des Gardiens de la Révolution ; le centre de propagande idéologique du régime ; ainsi que l’horloge monumentale sur la place Palestine, surnommée « l’Horloge de la destruction d’Israël », qui décompte symboliquement le temps restant à l’existence de l’État hébreu.
Mais c’est surtout la prison d’Evin, située au nord de Téhéran, qui attire l’attention. Ce centre de détention, où sont enfermés des centaines d’opposants politiques, d’activistes des droits humains, d’intellectuels et de journalistes, est depuis des décennies l’un des symboles les plus décriés de la répression iranienne. Sa mise en cible par Israël est perçue comme une déclaration politique forte autant qu’une opération militaire.
L’agence de presse Mizan, affiliée au pouvoir judiciaire iranien, a confirmé l’attaque israélienne contre la prison, précisant que certains bâtiments du complexe avaient été endommagés. Toutefois, selon les autorités iraniennes, la situation aurait été rapidement maîtrisée et aucun prisonnier ne se serait échappé.
Ces frappes, inédites par leur portée symbolique, témoignent d’un changement de posture d’Israël, qui semble désormais prêt à frapper au cœur du pouvoir iranien et non plus seulement ses relais extérieurs ou ses infrastructures nucléaires. Ce geste, aux lourdes implications régionales, ouvre une nouvelle phase de confrontation où la dimension psychologique et politique semble aussi stratégique que la dimension militaire.
Reste à savoir comment l’Iran réagira à cette attaque directe sur son territoire, et surtout sur un lieu aussi emblématique que la prison d’Evin, dont les murs sont devenus, malgré eux, un triste symbole de résistance pour de nombreux Iraniens.