Ce mardi 9 avril 2025, à l’occasion de la célébration de la Fête des Martyrs, le Parti Destourien Libre (PDL) a organisé une marche de protestation symbolique et fortement médiatisée, afin de dénoncer la régression des libertés dans le pays et réclamer la libération immédiate de sa présidente, Abir Moussi.
Le rassemblement a débuté au parc du Belvédère, un lieu emblématique au cœur de Tunis, et s’est dirigé vers le croisement de l’avenue de la Liberté et de l’avenue Hédi Chaker, juste en face du siège de la Radio nationale tunisienne.
Selon les estimations des organisateurs, entre 600 et 850 personnes ont pris part à cette marche. Les manifestants, arborant des pancartes et drapeaux tunisiens, ont scandé des slogans hostiles au pouvoir en place et exprimé leur colère face à ce qu’ils considèrent comme une dérive autoritaire de l’État.
Au centre de leurs revendications : la libération d’Abir Moussi, incarcérée depuis octobre 2023. L’ancienne députée et dirigeante du PDL fait l’objet de plusieurs poursuites judiciaires, notamment en vertu du controversé décret-loi n°54, critiqué pour ses atteintes à la liberté d’expression.
Parmi les slogans les plus repris par les manifestants figuraient : « Elle a été emprisonnée car elle est une leader », « Abir pour toujours, l’amour de la Tunisie n’est pas un crime », ou encore « Liberté, liberté, trop d’arrestations », « La Tunisie n’est pas à vendre, le peuple n’est pas un troupeau », « La Tunisie libre ! Le dictateur out » et « Citoyen victime, on t’a volé ta liberté ».
Ces mots forts reflétaient le sentiment de colère et de frustration croissant au sein d’une frange de la population, qui dénonce l’autoritarisme du président Kaïs Saïed et l’impasse politique et économique dans laquelle se trouve le pays.
Lors de son intervention à l’issue de la marche, Ali Tayachi, membre du bureau politique du PDL, a pris la parole devant les manifestants. Il a souligné que cette manifestation s’inscrivait dans le cadre d’une mobilisation nationale pour la défense des droits fondamentaux, sous le mot d’ordre : « La liberté pour les Tunisiens ».
Il a vivement critiqué la Radio nationale pour son exclusion des voix dissidentes, accusant l’établissement public de marginaliser certaines forces politiques au profit d’un discours unique, ce qui constitue selon lui une atteinte flagrante à la pluralité d’opinion et à la liberté de la presse.
Tayachi n’a pas manqué de dresser un tableau sombre de la situation économique du pays, dénonçant la détérioration continue du pouvoir d’achat des citoyens, l’endettement croissant de l’État, et l’inaction d’un parlement réduit à valider des prêts sans débat de fond. Il a estimé que la gestion actuelle repose davantage sur des discours populistes que sur une gouvernance responsable, appelant à une révision sérieuse et urgente des politiques économiques.
Le représentant du PDL a également mis en avant l’initiative lancée par son parti, visant à fédérer les forces démocratiques du pays, y compris la société civile et les partis politiques indépendants, autour d’un front commun contre la dérive autoritaire du régime. Cette initiative a pour ambition de défendre l’État de droit, de préserver les acquis démocratiques de la révolution, et de garantir les libertés individuelles et collectives, aujourd’hui menacées.
Enfin, Tayachi a tenu à réitérer la solidarité du PDL avec toutes les personnes détenues pour des raisons politiques ou d’opinion, et tout particulièrement avec Abir Moussi. Il a rappelé que plusieurs rapports internationaux, notamment celui du groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, considèrent son arrestation comme injustifiée et contraire aux engagements internationaux de la Tunisie en matière de droits humains.
Cette marche du 9 avril s’ajoute aux nombreuses actions menées ces derniers mois par le Parti Destourien Libre pour alerter l’opinion publique nationale et internationale sur la situation politique en Tunisie. Elle illustre une polarisation croissante du paysage politique, dans un contexte de crise généralisée où les libertés fondamentales sont de plus en plus contestées.