Le système d’investissement en Tunisie repose sur trois principaux piliers : l’autorisation, les incitations fiscales et les incitations financières. Cependant, selon Anis Wahabi, expert-comptable, ces mécanismes sont aujourd’hui insuffisants pour stimuler véritablement l’investissement, comme il l’a exprimé lors de son intervention dans l’émission Expresso de Wassim Belarbi.
Malgré la réduction du nombre de secteurs soumis à autorisation, la Tunisie reste encore dépendante de ce système, souligne Wahabi. Un décret de 2018 avait prévu la suppression d’environ 60 autorisations, remplacées par des cahiers des charges dans un délai de six mois, mais cette réforme n’a toujours pas été mise en œuvre. Il déplore également que, même si ces cahiers des charges sont censés remplacer les autorisations, ils sont perçus comme une forme d’autorisation, car le contrôle préalable n’a pas été supprimé.
Du côté fiscal, les incitations restent faibles. En 2017, les dépenses fiscales s’élevaient à 3 788 millions de dinars, représentant 11 % du budget de l’État, selon un rapport du ministère des Finances. Cependant, seulement 59 % de ces dépenses ont bénéficié aux entreprises, et 56 % étaient orientées vers des objectifs économiques. Cela signifie que 44 % des incitations fiscales n’ont pas contribué directement à l’investissement.
Wahabi a également souligné une réduction significative des incitations fiscales en faveur de l’investissement, qui sont passées de 339 millions de dinars en 2020 à seulement 145 millions en 2022. Une tendance qui reflète, selon lui, la faiblesse du cadre fiscal pour encourager les investisseurs.
Enfin, sur le plan budgétaire, il a mis en lumière le désengagement de l’État. Sur un budget total de 79 milliards de dinars, seuls 6 milliards sont alloués à l’investissement, contre 3 milliards sur 18 milliards en 2010. Cette baisse est le reflet des difficultés financières du pays et d’une politique budgétaire jugée insuffisante pour relancer l’investissement public.