« L’inclusion financière des jeunes est un axe majeur pour leur autonomisation économique et sociale. Il est impératif de lever les contraintes entravant l’accès des jeunes aux services financiers parmi lesquelles, le manque de littératie financière, l’exigence de collatéraux, l’absence de customisation des produits financiers et la faible digitalisation. La mise en place d’un agenda pour renforcer l’inclusion financière revêt une importance cruciale ». Tel est le message de Mme Nadia Gamha ; vice-gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) et membre du Conseil d’administration de l’Alliance for Financial Inclusion (AFI) représentante de la région de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient (MENA), à l’ouverture des travaux de la formation régionale sur la promotion de l’inclusion financière des jeunes, organisée conjointement par la BCT et l’AFI et tenue à Tunis, du 19 au 21 juillet 2022.
S’adressant aux représentants des pays membres de l’AFI, Mme Gamha a estimé la jonction des efforts des différentes parties prenantes « indispensable » pour appuyer « la résilience économique et sociale pour de larges pans de la population, particulièrement les jeunes qui représentent 16% de la population mondiale ». L’inclusion financière, a-t-elle expliqué, s’érige ainsi comme « un pilier de cette résilience tant il est vrai qu’elle constitue un facteur d’intégration sociale et de croissance économique capable de réduire les inégalités et de rompre la transmission intergénérationnelle de la pauvreté ».
Dans ce but, Mme Gamha a estimé que « les autorités de régulation doivent engager des réformes pour promouvoir le canal digital puisque privilégié par les jeunes, tout en assurant la protection des usagers ». Parallèlement, a-t-elle relevé, « les institutions financières devraient développer davantage leurs actions RSE en faveur de l’inclusion financière des jeunes afin de promouvoir le label ‘’youth-friendly’’ ».
De même, les organismes internationaux constituent un acteur de référence pour appuyer les politiques publiques nationales en faveur de l’inclusion financière des jeunes. Dans ce sens, l’AFI est citée en exemple du fait qu’elle offre un espace privilégié pour l’échange d’expériences. A ce titre, le document « Youth Financial Inclusion Policy Framework » constitue une note de cadrage pour une politique publique en faveur de l’inclusion financière des jeunes.
Conjointement, le relèvement du défi de l’inclusion financière, notamment celle des jeunes, « passe par la mise en place d’une stratégie globale en vue d’assurer l’accès à une gamme diversifiée de produits et services financiers qui soit adaptée aux jeunes et offertes à des coûts abordables » a souligné Mme Gamha qui identifie trois principaux axes autour desquels pourrait s’articuler cette stratégie. Il s’agit, d’abord, de « la digitalisation des services financiers en tant que levier incontournable pour accélérer le processus d’inclusion financière, d’intégration de l’économie informelle et de consécration de la transparence financière ». La digitalisation est d’autant plus importante qu’elle devrait répondre aux besoins des jeunes rompus à l’usage du smartphone et souhaitant fluidifier le parcours client tant sur le plan enrôlement que sur le plan transactionnel.
Le deuxième axe tend « à explorer les pistes pour des formes de financement les mieux adaptées » aux jeunes. Il s’agit de penser à des alternatives de financement, à l’instar du crowdfunding, permettant de s’affranchir des contraintes du modèle classique.
Pour soutenir la démarche, l’axe relatif à « l’éducation financière est primordial tant il est vrai que l’accès et l’usage des services financiers requièrent un niveau minimum de connaissance des produits pour mieux comprendre les risques inhérents et les opportunités et faire ainsi des choix éclairés ».
Tout en rappelant l’appui « indéfectible » de la BCT à soutenir toute initiative visant à promouvoir l’inclusion financière, Mme Gamha a proposé le maintien de cet espace de débat « par l’instauration d’un rendez-vous annuel » sur cette thématique à même de « permettre d’en aborder les différentes facettes, d’évaluer l’état des lieux et d’identifier les mesures appropriées pour promouvoir la finance inclusive ».