La traditionnelle réception organisée par l’ambassade de France en Tunisie à l’occasion de la Fête nationale du 14 juillet s’est tenue lundi soir à La Marsa, en présence de plusieurs centaines d’invités, parmi lesquels le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, M. Mohamed Ali Nafti, et la ministre de la Culture, Mme Amina Srarfi.
À cette occasion, l’ambassadrice de France en Tunisie, Mme Anne Guéguen, a prononcé un discours empreint de convictions profondes et de lucidité géopolitique. Alternant entre un arabe parfait et le français, elle a rappelé que cette célébration symbolise l’attachement indéfectible de la France aux valeurs fondatrices de la République : liberté, égalité, fraternité. Des principes universels, a-t-elle insisté, qui doivent être partagés par tous les peuples.
« En cette période de confusion entre un monde qui s’effondre et un autre qui peine à émerger – ce moment d’ »entre-deux » que le penseur italien Antonio Gramsci décrivait comme propice à l’apparition des monstres –, la Tunisie et la France restent attachées à cette Charte, clé de voûte d’un ordre international fondé sur le droit, la diplomatie et la paix, et non sur la force ou l’arbitraire. »
Elle a également affirmé que la France et l’Europe demeurent des partenaires de confiance pour la Tunisie, rappelant que l’Union européenne est une communauté d’États ayant rompu avec l’impérialisme et misé sur la coopération, le droit et le respect mutuel.
« Certains y voient une faiblesse, mais c’est en réalité la plus grande force de l’Europe : sa culture du débat, sa recherche du consensus et son attachement à l’État de droit. »
Concernant le drame à Gaza, Mme Guéguen n’a pas éludé le sujet :
« Rien ne doit faire oublier ce qui se passe à Gaza. Je comprends profondément l’émotion du peuple tunisien. Moi aussi, je suis scandalisée. Cette abomination doit cesser immédiatement.
La France a été claire : aucune justification ne peut être apportée à la poursuite des opérations militaires israéliennes, ni au blocage de l’aide humanitaire, ni aux déplacements forcés de populations.
Nous appelons à un cessez-le-feu, à l’entrée massive de l’aide, à la libération des otages, à l’arrêt de la colonisation, et à la création d’un État palestinien vivant côte à côte avec l’État d’Israël. »
Un message fort d’amitié, de paix et de coopération
L’ambassadrice a souligné que le partenariat franco-tunisien est profond, équilibré et respectueux de la souveraineté de chacun, ajoutant :
« Il tire sa force des liens humains, sociaux, culturels et économiques exceptionnels entre nos deux pays.
Près d’un million de Tunisiens et Franco-Tunisiens vivent en France et contribuent à son dynamisme. Réciproquement, quelque 30 000 Français vivent en Tunisie, dont beaucoup ont aussi la nationalité tunisienne, et 1 600 entreprises françaises y sont implantées.
Nous sommes votre premier partenaire commercial, premier investisseur étranger, et la Tunisie est le premier investisseur africain en France. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes : notre coopération est mutuellement bénéfique et notre avenir est commun. »
Une vision partagée pour l’avenir
Le ministre tunisien des Affaires étrangères, M. Mohamed Ali Nafti, a lui aussi salué la profondeur des liens historiques unissant la Tunisie et la France, mettant en avant l’importance stratégique de ce partenariat dans plusieurs domaines, notamment économique, culturel et technologique.
Il a réaffirmé la volonté commune de renforcer ce partenariat sur la base du respect mutuel et de l’indépendance des décisions souveraines, conformément aux orientations des deux pays.
« L’amitié tuniso-française repose sur un tissu humain ancien, des liens civilisationnels profonds, et des valeurs partagées de liberté, d’égalité et de respect mutuel. »
Le ministre a également salué le rôle clé joué par la communauté tunisienne en France, qualifiée de pilier essentiel dans la promotion de l’image de la Tunisie à l’international, et de pont vivant entre les deux rives.
Cap sur l’innovation et la coopération internationale
M. Nafti a exprimé sa satisfaction quant à l’évolution positive de la coopération bilatérale, notamment dans des secteurs porteurs tels que l’intelligence artificielle et la transition énergétique. Il a annoncé, à ce titre, la tenue du Forum méditerranéen de l’intelligence artificielle à Tunis d’ici la fin de l’année.
« Ces initiatives représentent des plateformes prometteuses pour renforcer le positionnement des startups tunisiennes en Europe, et pour promouvoir l’innovation numérique. »
Enfin, il a souligné l’importance de renforcer la coordination tuniso-française sur la scène internationale, notamment au sein des Nations Unies, afin de défendre les principes du droit international et les valeurs humaines universelles.
Position de principe sur la question palestinienne
En conclusion, M. Nafti a réitéré la position constante de la Tunisie en faveur des droits légitimes du peuple palestinien, notamment son droit à l’autodétermination et à l’établissement de son État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale, tout en saluant la prise de position claire de la France contre les violations actuelles du droit humanitaire.
