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Saint Levant à Carthage : un spectacle qui divise

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La prestation de l’artiste Palestinien Marwan Abdel-Hamid,  Saint Levant le  mardi 5 août 2025 au Festival de Carthage continue de faire débat et de susciter des réactions contrastées.

Tandis que certains observateurs,  médias et figures syndicales ont qualifié le spectacle de « choquant » voire « indigne » de la scène mythique de Carthage, d’autres y voient une performance audacieuse, sincère et profondément ancrée dans son époque.

Le président du Syndicat du Syndicat des musiciens tunisiens et des professions musicales et apparentées  , Maher Hammami, n’a pas mâché ses mots, allant jusqu’à déclarer que ce qui s’était passé sur scène constituait « un crime contre la prestigieuse scène de Carthage », appelant même à des poursuites contre la direction du festival.

En revanche, plusieurs voix du milieu artistique et culturel ont défendu la démarche de Saint Levant, saluant un spectacle « en mouvement, ancré dans l’expérience de sa génération ». Selon eux, le jeune artiste n’a fait que transmettre, à travers son art, les réalités, les colères, les rêves et les contradictions de la jeunesse arabe contemporaine.

« La scène de Carthage, comme toutes les scènes du monde, doit refléter son époque, ses espoirs, ses tensions, ses esthétiques. On ne peut pas appeler à une jeunesse créative et, dans le même souffle, lui interdire de s’exprimer librement. »

Pour eux, le débat va bien au-delà de Saint Levant : il pose la question de l’adaptation des cadres artistiques traditionnels à l’évolution rapide des codes culturels, et soulève le décalage croissant entre les élites décisionnaires et les aspirations des nouvelles générations.

 La Palestine omniprésente

Avant même l’arrivée de l’artiste sur scène, le public avait déjà donné le ton : les slogans en faveur de la libération de la Palestine ont résonné dans les gradins, témoignant une nouvelle fois de l’attachement indéfectible du peuple tunisien à la cause palestinienne.

Tout au long du concert, ces chants de solidarité n’ont cessé, créant une atmosphère chargée d’émotion et d’engagement. Des dizaines de drapeaux palestiniens flottaient fièrement au-dessus du public, accompagnant chaque titre de Saint Levant dans une sorte de communion artistique et politique.

Une controverse révélatrice

Au final, cette performance aura été bien plus qu’un simple concert. Elle a révélé, une fois de plus, les fractures entre modernité et conservatisme, entre expression libre et normes rigides, entre l’art comme miroir du réel et l’attente de neutralité esthétique.

Et peut-être est-ce là, paradoxalement, la preuve que la scène de Carthage reste vivante : un espace de débat, de création et de confrontation des idées.

Nour Ben Mrad

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