Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a annoncé mardi les lauréats du prix des Champions de la Terre 2024.
Cette reconnaissance rend hommage à leur leadership exceptionnel, à leurs actions courageuses et à leurs solutions durables pour lutter contre la dégradation des terres, la sécheresse et la désertification.
Parmi les lauréats de cette année figurent une ministre des Peuples autochtones, un champion de l’environnement, une initiative d’agriculture durable, un défenseur des droits des peuples autochtones, un scientifique spécialisé dans le boisement et un pionnier de l’environnement.
Près de 40% des terres déjà dégradées
On estime à 3,2 milliards le nombre de personnes touchées par la désertification dans le monde. D’ici 2050, plus des trois quarts de la population mondiale devraient être touchés par la sécheresse.
« Près de 40% des terres de la planète sont déjà dégradées, la désertification progresse et les sécheresses dévastatrices sont de plus en plus fréquentes. La bonne nouvelle, c’est que des solutions existent déjà et qu’elles sont portées par des personnes et des organisations du monde entier qui démontrent de manière extraordinaire qu’il est possible de défendre et de guérir notre planète », a déclaré Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE.
« Les efforts des Champions de la Terre 2024 nous rappellent que la lutte pour la protection de nos terres, de nos rivières et de nos océans est une lutte que nous pouvons gagner. Avec les bonnes politiques, les avancées scientifiques, les réformes des systèmes, l’activisme, et le leadership vital et la sagesse des peuples autochtones, nous pouvons restaurer nos écosystèmes »,, a-t-elle ajouté.
Les six Champions de la Terre
Le prix annuel « Champions de la Terre » est la plus haute distinction environnementale décernée par les Nations Unies. Il est décerné à des personnes pionnières qui mènent des actions de protection des populations et de la planète. Depuis 2005, le prix a été décerné à 122 personnes et organisations pour leur leadership exceptionnel et inspirant en matière d’environnement.
Parmi les lauréats cette année, la ministre brésilienne des peuples autochtones, Sonia Guajajara, a été récompensée dans la catégorie Leadership politique. Mme Guajajara défend les droits des indigènes depuis plus de vingt ans. Elle est devenue la première ministre des Peuples autochtones du Brésil et la première femme ministre autochtone du pays en 2023. Sous sa direction, 13 territoires ont été reconnus comme appartenant aux peuples autochtones afin de prévenir la déforestation, l’exploitation forestière illégale et le trafic de drogue.
La défenseure des droits des autochtones honorée dans la catégorie Inspiration et action, Amy Bowers Cordalis, utilise son expertise juridique et sa passion pour la restauration afin d’assurer un avenir meilleur au peuple Yurok et à la rivière Klamath, aux États-Unis.
Le travail de Mme Cordalis pour restaurer l’écosystème de la rivière et encourager l’adoption de pratiques de pêche durables montre comment une action environnementale audacieuse peut apporter des changements positifs significatifs, tout en préservant les droits et les moyens de subsistance des populations autochtones.
Menaces de mort et agression physique
Le fondateur de l’ONG roumaine Agent Green, qui contribue depuis 2009 à sauver des milliers d’hectares de biodiversité précieuse dans les Carpates en dénonçant la destruction et l’exploitation forestière illégale de la dernière forêt ancienne d’Europe, a été honoré dans la catégorie Inspiration et action.
Gabriel Paun a reçu des menaces de mort et a été physiquement agressé pour son travail de documentation de la déforestation dans une zone vitale pour l’écosystème, qui abrite une biodiversité unique comme les lynx et les loups.
Dans la catégorie Science et innovation, le scientifique chinois Lu Qi a été honoré pour son travail dans les secteurs de la science et de la politique pendant trois décennies pour aider la Chine à inverser la dégradation et à rétrécir ses déserts.
En tant que scientifique en chef de l’Académie chinoise des forêts et président fondateur de l’Institut de la Grande Muraille verte, M. Lu a joué un rôle clé dans la mise en œuvre du plus grand projet de boisement au monde, dans l’établissement de réseaux de recherche d’experts et de partenariats, et dans le renforcement de la coopération multilatérale pour enrayer la désertification, la dégradation des sols et la sécheresse.
L’écologiste indien, Madhav Gadgil, honoré dans la catégorie Accomplissement d’une vie, a passé des décennies à protéger les gens et la planète par la recherche et l’engagement communautaire.
Qu’il s’agisse d’évaluations historiques de l’impact environnemental des politiques étatiques et nationales ou de l’engagement environnemental de la base, le travail de M. Gadgil a grandement influencé l’opinion publique et les politiques officielles en matière de protection des ressources naturelles. Il est réputé pour ses travaux précurseurs dans la région écologiquement fragile des Ghats occidentaux en Inde, qui constitue un point chaud de biodiversité unique au monde.
Une agriculture plus durable d’ici 2025
SEKEM, une initiative d’agriculture durable honorée dans la catégorie Vision entrepreneuriale, aide plus des agriculteurs égyptiens à faire la transition vers une agriculture plus durable d’ici 2025.
Sa promotion de l’agriculture biodynamique et ses travaux de boisement et de reboisement ont permis de transformer de vastes étendues désertiques en entreprises agricoles florissantes, faisant ainsi progresser le développement durable dans l’ensemble du pays.
En mars 2019, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution déclarant la période 2021-2030 Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes.
La campagne #GenerationRestoration du PNUE vise à soutenir l’accélération des progrès sur ces engagements en ralliant le soutien à l’Agenda 2030 pour mener à bien des travaux vitaux de restauration des écosystèmes afin de protéger 30 % de la nature sur terre et en mer et de réhabiliter 30 % de la dégradation planétaire.
Au niveau mondial, les pays se sont engagés à restaurer 1 milliard d’hectares de terres d’ici 2030, alors que les tendances actuelles suggèrent que 1,5 milliard d’hectares devraient être restaurés pour atteindre les objectifs de neutralité en matière de dégradation des terres pour 2030.