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Une stratégie de « transformation bleue » pour améliorer les systèmes alimentaires marins

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Les niveaux records de production de la pêche et de l’aquaculture apportent une contribution essentielle à la sécurité alimentaire mondiale, ont souligné mercredi des participants à la Conférence des Nations Unies sur les océans, qui se déroule cette semaine à Lisbonne, au Portugal.

La troisième journée de la conférence, qui porte sur la situation de l’industrie de la pêche et la durabilité de l’aquaculture, a été marquée par la présentation d’un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la situation mondiale des pêches et de l’aquaculture.

La demande croissante de poisson et d’autres aliments aquatiques modifie rapidement l’ensemble du secteur. La consommation devrait augmenter, principalement en raison de la hausse rapide de la population, des changements dans les pratiques post-capture et la distribution, ainsi que des tendances alimentaires axées sur une meilleure santé et une meilleure nutrition.

La durabilité en mer est-elle réaliste ?

Selon la FAO, créée en 1945 pour lutter contre la faim, la demande actuelle et l’approche visant à répondre aux besoins de 10 milliards de personnes à mesure que la population augmente mettent les systèmes alimentaires sous pression, alors que le changement climatique, la COVID-19, la dégradation de l’environnement et les conflits les mettent à l’épreuve.

Le rapport sur la situation mondiale des pêches et de l’aquaculture analyse l’état des stocks mondiaux ainsi que les tendances des pêches et de l’aquaculture, y compris au niveau régional.

En se concentrant sur la « transformation bleue », une stratégie visant à améliorer le potentiel des systèmes alimentaires sous l’eau et à nourrir durablement la population mondiale croissante, le rapport constitue une référence essentielle pour les gouvernements, les décideurs politiques, les universitaires et les autres acteurs du secteur. Une « transformation bleue » de la manière dont nous pouvons produire, gérer, commercialiser et consommer les aliments aquatiques, afin d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD), selon la FAO.

Alors que le secteur continue de se développer, la FAO affirme que des changements transformateurs plus ciblés sont nécessaires pour parvenir à un secteur de la pêche et de l’aquaculture plus durable, inclusif et équitable, et lutter contre la menace croissante de l’insécurité alimentaire.

Selon la FAO, la croissance de l’aquaculture, notamment en Asie, a permis de porter la production totale du secteur à un niveau record de 214 millions de tonnes en 2020, dont 178 millions de tonnes de produits aquatiques et 36 millions de tonnes d’algues destinées à la consommation.

La production en 2020 est supérieure de 30% à la moyenne des années 2000 et de plus de 60% à celle des années 1990.

« Il y a une réelle préoccupation concernant le prix du poisson, le prix des aliments en général, mais le prix du poisson en particulier a augmenté de 25% entre décembre de l’année dernière, et avril de cette année. Cela met la pression sur le consommateur », a déclaré Manuel Barange, Directeur de la Division des pêches et de l’aquaculture de la FAO, devant la presse.

L’insécurité alimentaire

Avec plus de 800 millions de personnes souffrant de la faim et 2,4 milliards de personnes ayant un accès très limité à une alimentation adéquate, le défi de nourrir une population croissante sans épuiser les ressources actuelles ne cesse d’augmenter.

Dans ce contexte, les systèmes alimentaires aquatiques sont de plus en plus sous le feu des projecteurs, en raison de leur énorme potentiel pour répondre à la demande croissante.

« La croissance de la pêche et de l’aquaculture est vitale dans nos efforts pour mettre fin à la faim et à la malnutrition dans le monde, mais le secteur doit encore se transformer pour relever les défis », a déclaré le Directeur général de la FAO, QU Dongyu. « Nous devons transformer les systèmes agroalimentaires pour que les aliments aquatiques soient récoltés de manière durable, que les moyens d’existence soient préservés et que les habitats aquatiques et la biodiversité soient protégés ».

La croissance significative de l’aquaculture a porté la production mondiale de la pêche et de l’aquaculture à un niveau record, les aliments aquatiques apportant une contribution de plus en plus essentielle à la sécurité alimentaire et à la nutrition au XXIe siècle.

L’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les océans, Peter Thomson, a qualifié l’aquaculture de « nutrition la plus saine pour le monde », qui détient le « potentiel de nourrir nos petits-enfants et d’autres générations à venir, si nous le faisons correctement ».

L’aquaculture comme solution

En 2020, la production aquacole animale a atteint 87,5 millions de tonnes, soit 6% de plus qu’en 2018. En revanche, le volume des captures en haute mer, est tombé à 90,3 millions de tonnes, soit une baisse de 4% par rapport à la moyenne des trois années précédentes.

La demande croissante fait évoluer rapidement le secteur de la pêche et de l’aquaculture. La consommation devrait augmenter de 15% pour atteindre une moyenne de 21,4 kg par habitant en 2030, principalement en raison de la hausse des revenus et de l’urbanisation, de l’évolution des pratiques du secteur, ainsi que des tendances alimentaires.

Avec une production totale d’aliments aquatiques qui devrait atteindre 202 millions de tonnes en 2030, principalement en raison de la croissance continue de l’aquaculture, le chiffre devrait atteindre 100 millions de tonnes pour la première fois en 2027, et 106 millions de tonnes en 2030.

« Nous devons nous assurer que nous commençons à examiner les espèces qui arrivent sur les marchés et qui pourraient être différentes des espèces historiques », a déclaré M. Barange, ajoutant que si l’adaptation au changement climatique se fait correctement, la consommation d’aliments aquatiques par habitant continuerait de croître, contribuant à relâcher la pression sur les systèmes de production alimentaire terrestres.

Les communautés de pêcheurs

« Plus de 58 millions de personnes dépendent directement de la pêche et de l’aquaculture », a souligné M. Barange, expert de la FAO. La pêche et l’aquaculture contribuent à l’emploi, au commerce et au développement économique.

Selon les dernières données, on estime à 58,5 millions le nombre de personnes employées dans le secteur, dont 21% seulement sont des femmes.

On estime qu’environ 600 millions de personnes dépendent d’une manière ou d’une autre de la pêche et de l’aquaculture pour leur vie et leurs moyens de subsistance. Compte tenu de ces chiffres, la nécessité de renforcer la résilience est évidemment essentielle pour un développement équitable et durable.

Margaret Nakato, Coordinatrice du Katosi Women Development Trust (KWDT) en Ouganda, qui participe également à la conférence, travaille avec les pêcheurs sur le terrain.

« L’un des problèmes est que les régimes actuels de conservation contribuent à déplacer et à déstructurer les communautés de pêcheurs de leurs territoires », a-t-elle dit à la conférence.

Elle a appelé les États membres à impliquer les petites communautés de pêcheurs, déclarant que « tout programme de durabilité doit les prendre en considération, ainsi que les composantes sociales, culturelles et économiques des communautés de pêcheurs, afin de s’assurer que nos mesures sont efficaces mais aussi que nous pouvons partager les bénéfices équitables des ressources ».

Le besoin de transformation

Selon la FAO, il faut faire davantage pour nourrir la population mondiale croissante tout en améliorant la durabilité des stocks et des écosystèmes fragiles et en protégeant les vies et les moyens d’existence à long terme.

La durabilité des ressources halieutiques marines reste très préoccupante, selon le rapport de la FAO, le pourcentage de stocks pêchés de manière durable ayant chuté à 64,6 % en 2019, soit une baisse de 1,2 % par rapport à 2017.

Cependant, il y a des signes encourageants car les stocks pêchés de manière durable ont fourni 82,5% du volume total des débarquements de 2019, soit une augmentation de 3,8% depuis 2017. Cela semble indiquer que les stocks plus importants sont gérés plus efficacement.

L’Envoyé spécial Peter Thomson a appelé à davantage de financement pour l’ODD14. « Je pense que les choses sont en train de changer », a-t-il déclaré, en insistant sur la nécessité de financer les solutions en cours d’élaboration. « L’action est une question d’argent, mettez la main à la poche et faites en sorte que cela se produise ».

Pendant la semaine, ONU Info vous offre une couverture quotidienne de la Conférence, à laquelle vous pouvez accéder ici. 

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