En aidant la jeunesse africaine à acquérir une culture numérique, à participer davantage aux processus démocratiques et à s’impliquer activement dans l’action climatique, nous avancerons de manière décisive sur la voie de la croissance économique et du développement durable du continent.
La jeunesse africaine est au seuil d’une ère de transformation qui exige un effort collectif pour tirer parti de son potentiel de leadership et d’innovation. En tant qu’Envoyée du Président de l’Union africaine pour la jeunesse, j’ai été témoin du dynamisme et de la résilience de nos jeunes, tant dans les manifestations que dans les revendications pour une meilleure gouvernance, la lutte contre le changement climatique et l’ère numérique mondiale.
La récente décision d’institutionnaliser le Bureau de l’envoyé de la jeunesse au sein de l’Union africaine symbolise un engagement significatif en faveur de l’intégration des points de vue des jeunes aux plus hauts niveaux de l’élaboration des politiques, en établissant une structure continue et permanente.
La campagne « Make Africa Digital » (M.A.D) est l’une des initiatives les plus marquantes du Bureau de l’envoyé de la jeunesse. Cette initiative de plaidoyer politique a permis à plus de 4 000 jeunes d’acquérir des compétences et des connaissances numériques essentielles pour leur travail futur, en partenariat avec les gouvernements, Afreximbank et Google. Il est important d’adopter une approche multipartite pour plaider en faveur d’une génération de citoyens maîtrisant le numérique, capables de stimuler l’innovation, de favoriser la croissance économique et de relever les défis les plus urgents dans un monde de plus en plus numérique.
La gouvernance démocratique est un domaine où la participation des jeunes est essentielle. L’UA a augmenté de 45 % la participation des jeunes à l’observation des élections l’année où de nombreux pays africains se rendent aux urnes. Il s’agit là d’une étape vers l’amélioration de la transparence et de la responsabilité dans nos processus électoraux. Les jeunes observateurs apportent des perspectives nouvelles et un engagement en faveur de l’intégrité, ce qui est vital pour le renforcement de nos démocraties. Leur participation les prépare également à de futures fonctions de leadership, en leur inculquant un respect profond des valeurs démocratiques.
La récente décision du Nigeria d’approuver un quota de 30 % pour les jeunes et les femmes dans les emplois fédéraux, à la suite des interventions de notre Comité de référence des jeunes de l’Union africaine, démontre l’impact significatif des efforts de plaidoyer en faveur de la jeunesse. Cette décision permettra aux jeunes leaders d’acquérir des connaissances et une énergie uniques qui enrichiront la gouvernance. C’est un exemple à suivre pour d’autres pays, qui soulignent le rôle essentiel des jeunes dans la gouvernance.
Nous avons constaté une augmentation du nombre de jeunes occupant des postes de ministres et de députés. Toutefois, dans un souci d’équité et d’inclusion, les jeunes handicapés et les femmes issues de communautés marginalisées doivent être davantage représentés.
Outre l’innovation numérique et la participation démocratique, l’Afrique doit affirmer son leadership sur la scène mondiale dans la lutte contre le changement climatique. Bien qu’il soit celui qui contribue le moins aux émissions mondiales, notre continent est confronté aux graves conséquences du changement climatique. Cette disparité souligne l’importance de notre voix dans les discussions et les actions internationales sur le climat. Dans le cadre de mes fonctions, je me suis engagé à compenser mon empreinte carbone en plantant 500 arbres, démontrant ainsi que le leadership en matière d’action climatique commence par la responsabilité individuelle.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un engagement plus large en faveur de la durabilité environnementale et constitue un appel à l’action pour que les jeunes jouent un rôle actif dans la lutte contre le changement climatique.
À l’heure où nous nous tournons vers l’avenir, on ne saurait trop insister sur l’importance de la participation de la jeunesse africaine au prochain Sommet des Nations Unies sur l’avenir. La population des jeunes Africains devrait atteindre plus de 830 millions de personnes d’ici à 2050, et leur participation est essentielle pour façonner un avenir durable et inclusif.
L’âge médian du continent n’est que de 19,7 ans, ce qui en fait le plus jeune du monde. Cet avantage démographique fait de la jeunesse africaine un acteur essentiel pour relever les défis mondiaux. Leurs perspectives, leurs innovations et leur leadership sont essentiels pour garantir la pertinence et l’efficacité des solutions.
Les assemblées foraines se sont révélées être une plateforme inestimable à cette fin, en facilitant le dialogue direct entre les jeunes et les décideurs politiques. Ces forums permettent aux jeunes d’exprimer leurs idées, leurs préoccupations et leurs aspirations, ce qui favorise une culture de participation active et garantit que les politiques reflètent leurs besoins et leurs ambitions.
Cet engagement direct est essentiel à la mise en place d’une structure de gouvernance réactive et inclusive. L’Union africaine a organisé une série d’assemblées foraines nationales de jeunes dans le cadre de la tournée d’écoute de l’Envoyé de la jeunesse, qui a débouché sur une réunion continentale avec le président de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, au cours du sommet de l’Union africaine.
L’institutionnalisation du Bureau de l’Envoyé de la Jeunesse est une étape cruciale dans une stratégie plus large visant à renforcer les capacités des jeunes Africains. Elle garantit une représentation continue des jeunes au sein des structures les plus élevées, ce qui permet un plaidoyer soutenu et une influence sur les politiques. Toutefois, nous devons continuer à nous concentrer sur des initiatives concrètes qui apportent des avantages tangibles aux jeunes.
Alors que je m’apprête à passer le relais, j’envisage l’avenir avec optimisme, impatiente de continuer à avoir un impact par de nouveaux moyens. La reconnaissance des jeunes, et en particulier des jeunes femmes, en tant qu’acteurs clés du développement de l’Afrique n’est pas simplement symbolique ; il s’agit d’une reconnaissance pragmatique de leur potentiel à faire avancer les choses.
Nous devons continuer à plaider pour des politiques qui favorisent l’inclusion, le développement et le leadership. Ensemble, nous pouvons construire un continent où les jeunes sont à la pointe de l’innovation, de la gouvernance et du développement durable.
Par Chido Mpemba,(Envoyée de l’Union africaine pour la jeunesse)