Une étude menée par le groupe Taouhida Ben Cheikh sur un échantillon de 1 200 femmes de la région du Grand Tunis révèle une fuite de communication entre les mères et leurs enfants sur les questions de puberté et d’éducation sexuelle. Les résultats montrent que 91 % des mères discutent de la puberté avec leurs filles, contre seulement 67,4 % avec leurs fils.
Des discussions limitées sur la sexualité et la contraception
Selon Mona Tlili, coordinatrice de projets au sein du groupe, les thèmes liés à la sexualité, à la contraception et à l’avortement restent très peu abordés dans la famille. Le sujet de la virginité est le plus discuté avec les filles (plus de 73 %), reflétant l’influence persistante des normes sociales et du patriarcat sur le corps des jeunes filles.
Différences de traitement entre filles et garçons
L’étude indique également que les réactions des mères face à l’exposition des enfants à du contenu pornographique sont plus sévères avec les filles (13,2 % d’actions punitives) qu’avec les garçons, qui bénéficient souvent de plus de tolérance ou d’indifférence, mettant en évidence un double standard genré au sein des familles.
Ouverture à la sensibilisation et à l’éducation sexuelle
Plus de 73 % des mères se déclarent prêtes à participer à des ateliers ou discussions sur la santé sexuelle et reproductive, et la majorité soutient l’intégration de l’éducation sexuelle complète dans les programmes scolaires, notamment au niveau du collège.
Résistances au vaccin contre le HPV
Cependant, l’étude révèle une forte réticence des mères au vaccin contre le papillomavirus humain (HPV), avec 76 à 81 % d’opposition, due aux tabous liés à la sexualité féminine et à la diffusion de campagnes de désinformation.
Vers une éducation sexuelle scientifique et inclusive
Le groupe Taouhida Ben Cheikh appelle à renforcer l’éducation sexuelle basée sur des données scientifiques, à développer des outils de communication pour aider les parents à ouvrir un dialogue sûr et conscient avec leurs enfants, et souligne le rôle crucial de la société civile dans l’intégration de cette éducation dans les politiques publiques éducatives.

