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Gaza : l’UNRWA n’évacuera pas Rafah en cas d’invasion israélienne

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Alors que des informations font état de l’ordre donné à 100.000 Palestiniens de quitter Rafah avant une opération militaire israélienne prévue de longue date dans la ville la plus méridionale de Gaza, les agences humanitaires de l’ONU ont insisté lundi sur le fait qu’elles n’avaient aucunement l’intention de quitter ce centre d’aide vital.

L’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a renouvelé sa mise en garde contre les conséquences d’une opération israélienne à Rafah, ajoutant que l’agence n’évacuera pas la ville surpeuplée du sud de Gaza.

« Une offensive israélienne à Rafah entraînerait davantage de souffrances et de morts parmi les civils. Les conséquences seraient dévastatrices pour 1,4 million de personnes », a écrit l’UNRWA dans un message sur X. « L’UNRWA n’évacue pas : l’agence maintiendra une présence à Rafah aussi longtemps que possible et continuera à fournir une aide vitale à la population ».

UNRWA ne participera pas à l’évacuation forcée

Selon les rapports des médias, l’armée israélienne a ordonné aux Palestiniens de quitter l’est de Rafah, avertissant qu’elle s’apprête à utiliser une « force extrême » dans le sud de la bande de Gaza. Cet ordre fait suite à une nuit d’intenses bombardements israéliens qui auraient tué une vingtaine de personnes à Rafah.

Selon la cheffe de communication de l’agence onusienne, l’UNRWA entend « rester » pour « fournir de l’aide. « L’UNRWA s’engage à aider les personnes en détresse où qu’elles se trouvent dans la bande de Gaza », a dit sur le réseau social X, Juliette Touma, relevant que l’agence onusienne « ne participera pas à l’évacuation forcée de la population palestinienne à Rafah ou ailleurs ».

Ces derniers jours, de hauts responsables et de nombreuses organisations humanitaires ont mis en garde contre une offensive à Rafah. Le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a affirmé qu’un assaut terrestre sur Rafah « mettrait le point final » aux opérations d’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

De son côté, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies a déclaré que « toute opération terrestre signifierait davantage de souffrances et de morts » pour plus d’un million de Palestiniens déplacés qui se réfugient à Rafah, et un fonctionnaire a estimé qu’il « pourrait s’agir d’un massacre de civils ».

Rafah : entre 1,2 et 1,4 million d’habitants

Rafah, qui comptait plus de 250.000 habitants avant le début de la guerre à Gaza le 7 octobre, accueille désormais la majorité des 2,3 millions d’habitants que comptait la bande de Gaza avant la guerre.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 1,2 million de personnes sont réfugiées dans cette ville située à l’extrême sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l’Égypte.

Selon les rapports des médias, l’armée israélienne a demandé aux habitants de certaines zones orientales de Rafah de se déplacer progressivement vers la « zone humanitaire » désignée, située au sud-ouest de l’enclave palestinienne. Le communiqué de l’armée précise que celle-ci a élargi la zone humanitaire d’al-Mawasi afin « de répondre à l’augmentation de l’aide qui arrive à Gaza ».

En attendant, l’UNRWA rappelle que « la vie à Rafah est précaire ». Et la menace imminente d’un déplacement supplémentaire pourrait pousser la communauté au-delà de son point de rupture, « augmentant les risques pour des centaines de milliers de personnes ». « Les civils doivent être protégés ».

En écho à ces mises en garde, une chargé de la communication de l’UNRWA a rappelé « le sentiment de peur écrasant parmi la population, dont la moitié sont des enfants ». « Très humide à Rafah ce matin alors que 1,4 million de personnes attendent nerveusement des informations », a fait valoir Louise Wateridge.

Nulle part où aller en sécurité pour les 600.000 enfants de Rafah

Alors que la crise humanitaire dans la bande de Gaza continue de se détériorer, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance a averti qu’un siège militaire et une incursion terrestre à Rafah poseraient des risques catastrophiques pour les 600.000 enfants actuellement réfugiés dans l’enclave.

L’agence onusienne note que les 1,2 million de personnes réfugiées à Rafah ont été déplacées à plusieurs reprises et s’abritent dans des tentes ou des logements informels et instables. Rafah (20.000 habitants au km2) est presque deux fois plus densément peuplée que la ville de New York (11.300 habitants au km2).

« Rafah est aujourd’hui une ville d’enfants, qui n’ont aucun endroit sûr où aller à Gaza. Si des opérations militaires de grande envergure commencent, les enfants ne seront pas seulement menacés par la violence, mais aussi par le chaos et la panique, à un moment où leur état physique et mental est déjà affaibli », a déclaré dans un communiqué, Catherine Russell, cheffe de l’UNICEF.

Par rapport aux adultes, les enfants sont particulièrement vulnérables aux effets dévastateurs de la guerre dans la bande de Gaza. Ils sont tués et blessés de manière disproportionnée et souffrent plus gravement des perturbations des soins de santé et de l’éducation, ainsi que du manque d’accès à une nourriture et à une eau suffisantes.

Selon les dernières estimations du ministère palestinien de la Santé, plus de 14.000 enfants auraient déjà été tués dans le conflit actuel.

Le chef de l’UNRWA empêché à nouveau d’entrer à Gaza

Par ailleurs, le patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a annoncé dimanche qu’Israël lui avait à nouveau interdit d’entrer dans la bande de Gaza.

« Les autorités israéliennes continuent de refuser aux Nations Unies l’accès humanitaire » à la bande de Gaza, a déclaré Philippe Lazzarini sur X. « Rien que cette semaine, elles ont refusé – c’est la 2e fois – que j’entre à Gaza », ajoute-t-il.

M. Lazzarini, qui s’est rendu quatre fois dans la bande de Gaza depuis le début de l’offensive militaire israélienne en octobre, avait déjà indiqué à la mi-mars qu’Israël lui avait interdit l’entrée dans l’enclave palestinienne, où plus de la moitié des 2,4 millions d’habitants a été déplacée par les bombardements et les combats et où, selon l’ONU, la famine menace.

Sur un autre plan, l’UNRWA indique avoir enregistré 10 incidents au cours des deux dernières semaines seulement. Ces incidents impliquent « des tirs sur des convois, des arrestations de personnel de l’ONU, avec brimade, mises à nu, menaces avec armes et longues attentes aux points de contrôle contraignant les convois à rouler de nuit ou renoncer ».

« Ces incidents se répètent alors que nous sommes engagés dans une course contre la montre pour éviter la famine à Gaza. Ils suscitent également la peur parmi les équipes humanitaires courageuses et engagées », a insisté M. Lazzarini, qui appelle les autorités israéliennes à faciliter l’accès humanitaire dans toute la bande de Gaza, y compris au nord.

Il a également appelé à une enquête indépendante sur les tirs de roquette « par des groupes armés palestiniens » sur « le point de passage de Kerem Shalom », principal accès de l’aide humanitaire depuis Israël vers la bande de Gaza, aboutissant à sa fermeture par l’armée israélienne.

Skander Zouari

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