Le directeur du Centre d’Activités Régionales pour les Aires Spécialement Protégées (SPA/RAC), dont le site est basé à Tunis, Elias Hamza, a considéré que « L’expérience menée par l’Association de la Continuité des Générations (ACG) et ses efforts dans la conservation de la biodiversité des îles Kneïss (relevant de le délégation El Ghrayba à Sfax) est une vraie success-story qui devrait être généralisée à de nombreux sites en Méditerranée ».
Intervenant dans le cadre d’un forum scientifique organisé mardi à Sfax par l’ACG et ses partenaires intitulé « Valorisation des îles de Kneïss en tant que zone protégée d’une grande importance pour la biodiversité en Méditerranée (ASPIM) : vers une pêche durable et responsable », M. Hamza a souligné l’importance d’une action intégrée et participative entre tous les acteurs des îles Kneïess afin de «garantir les meilleures chances de réussite de la préservation des particularités rares et uniques du site sur les plans environnemental, économique et social ».
Les îles Kneïss sont, faut-il le rappeler, situées dans la Délégation El Grayba, à 65 km au sud de la ville de Sfax. Elles s’étendent sur une superficie de 5 850 hectares et sont considérées comme l’une des zones humides les plus importantes au monde en raison de leur biodiversité, car elles constituent un refuge pour des milliers d’oiseaux, en plus de leur importance en tant que réserve marine et végétale riche et diversifiée et de la présence de sites archéologiques.
Echanges tous azimuts
Depuis 2020, l’association avait lancé une série de projets, de programmes et d’initiatives visant à protéger la biodiversité aux îles Kneïss, en collaboration avec l’Agence de la protection et de l’aménagement du littoral (APAL), le Centre pour la diversité biologique marine au service des pays méditerranéens (SPA/RAC) et le Fonds méditerranéen » Med Fund », l’INSTM ainsi qu’en collaboration avec de nombreux autres acteurs tels que la municipalité et la délégation de Ghrayba, le service des forêts, l’arrondissement de la pêche et la Direction régionale du tourisme.
Ces efforts ont abouti au classement des îles de Kneïss comme Aire Spécialement Protégée d’Importance Méditerranéenne (ASPIM), sachant qu’elles sont classées zone naturelle protégée depuis 1993, zone ZICO depuis 2003 et inscrites sur la liste RAMSAR depuis 2007.
Pour sa part, la représentante du Med Fund, Mme Aouatif Labiadh a déclaré que le Fonds a soutenu 21 réserves dans le bassin méditerranéen, dont une grande partie en Tunisie (y compris les îles Kneïss), étant convaincu de l’importance de ces sites à tous les niveaux.
Ouvrant les travaux de ce forum auquel ont participé d’experts environnementaux, de chercheurs, de représentants d’organismes internationaux de protection de l’environnement et d’acteurs de la société civile, la directrice générale de l’environnement et de la qualité de vie au ministère de l’Environnement, Aouatef Laaribi, a déclaré que le ministère était pleinement conscient de l’importance des îles Kneïss en tant que site unique et d’importance écologique confirmée.
Elle a ajouté que des efforts sont déployés pour préserver leur biodiversité par le ministère qui soutient toutes les activités scientifiques engagées dans la protection qui devraient être une préoccupation commune à tous les acteurs, qu’il s’agisse d’institutions officielles, d’associations ou de particuliers, afin de préserver leur importance économique et sociale, ainsi que leur importance environnementale.
Faire face à la pêche illicite et aux changements climatiques
Pour sa part, la présidente de l’ACG, Dr Sana Taktak Keskes, a fait remarquer que les travaux de cet atelier marqué par la participation de différents intervenants et partenaires, renforcent les résultats enregistrés par la série de projets, initiatives et programmes de protection que l’association a consacrés au cours de la dernière décennie à la préservation des îles Kneïss, classées au niveau national et international comme zone importante pour la biodiversité, contre toutes les formes de menaces, principalement la pollution, la pêche illégale et les changements climatiques.
Elle a souligné l’importance d’impliquer des représentants de la communauté locale dans ce type d’activités, scientifiques ainsi qu’aux activités de démonstration et de sensibilisation sur le terrain. Parmi ces activités, une nouvelle parcelle agricole créée par l’association dans la région des îles Kneïss afin de concrétiser les résultats des projets réalisés et de les transformer en bonnes pratiques adoptées par la communauté locale et tous ceux qui exercent des activités agricoles et maritimes dans la région, en particulier les marins et les pêcheurs et les pêcheurs de palourdes et du couteau.
L’équipe de l’ACG a présenté un résumé des principaux résultats enregistrés au cours des cinq dernières années en matière de structuration et de gouvernance, d’élaboration d’un plan d’action sur le site, d’organisation d’activités de sensibilisation sur le terrain et d’activités économiques, de techniques de surveillance des indicateurs de protection du site, de contrôle de la pêche maritime dans les îles, de lutte contre la pêche illégale et de protection des espèces marines locales (mollusques, poissons, crabes, tortues marines, herbes marines, couverture végétale des îles et spatule blanche). La coordinatrice du site des îles, Sabrine Keskes, a estimé que l’association avait atteint un taux d’efficacité et de mise en œuvre effective des objectifs du projet et que la communauté locale en avait tiré profit de manière palpable, dépassant les 80 %.
Protéger les écosystèmes contre les menaces
Par ailleurs, le forum a offert un espace ouvert où les participants ont pu échanger leurs expériences et leurs points de vue sur la biodiversité et la pêche traditionnelle dans les réserves et les îles, en particulier les îles Kneïss.
Les participants ont souligné que, compte tenu du rôle important que jouent les écosystèmes dans la préservation de la biodiversité dans un contexte de changements climatiques et de pêche parfois abusive, il est aujourd’hui nécessaire que l’État, les structures de la société civile et les militants écologistes protègent et valorisent ces zones de manière rationnelle et responsable.
L’atelier a permis aux participants d’échanger leurs points de vue sur les moyens de préserver la biodiversité et la pêche traditionnelle, ainsi que sur les méthodes de conservation des richesses naturelles. Il a également été l’occasion d’écouter les différentes parties et d’échanger des expériences afin de protéger les écosystèmes contre toutes les formes de menaces, principalement la pollution, la pêche illégale et les changements climatiques.
Les activités du « Forum sur la biodiversité des îles de Kneïss » se déroulent sur deux jours. Après une première journée consacrée à un atelier d’échange et de dialogue entre chercheurs et parties prenantes, une visite sur le terrain est organisée le deuxième jour (17 décembre) sur les îles de Kneïss, à laquelle participent des experts, des représentants de la communauté locale et un groupe de jeunes lycéens.
Mohamed Sami KECHAOU
