Seuls 6% des travailleurs domestiques disposent d’une couverture sociale complète, a indiqué jeudi l’Organisation internationale du Travail (OIT), relevant que cette catégorie professionnelle reste « peu considérée » malgré leur « contribution importante à la société ».
Selon ce nouveau rapport, plus de 94% des travailleurs domestiques n’ont pas accès à l’éventail complet des protections. Celui-ci englobe les soins médicaux, la maladie, le chômage, la vieillesse, les accidents du travail, la famille, la maternité, l’invalidité et les prestations de survivants.
Selon le rapport, environ la moitié de tous les travailleurs domestiques n’a pas de couverture du tout, l’autre moitié étant légalement couverte par au moins une prestation. Même lorsqu’ils sont juridiquement couverts, seul un travailleur domestique sur cinq est réellement couvert dans la pratique, l’immense majorité d’entre eux étant employée de manière informelle.
« La pandémie de Covid-19 a rendu flagrantes les lacunes de la couverture sociale subies par les travailleurs domestiques », a détaillé l’OIT. Ces travailleurs en première ligne ont été pourtant parmi les personnes les plus durement touchées par la pandémie, nombre d’entre eux perdant leur emploi et leurs moyens d’existence.
De multiples obstacles pour les 75 millions de travailleurs domestiques dans le monde
Beaucoup de ceux qui ont conservé leur emploi ont souvent été exposés à la maladie sans équipement de protection suffisant. Cependant, les travailleurs domestiques ont rarement pu compter sur une protection sanitaire adéquate, ni sur des indemnités de maladie ou de chômage, exposant davantage encore leur vulnérabilité.
Le rapport met aussi en évidence des différences majeures entre les régions. En Europe et Asie centrale, plus de 57% des travailleurs domestiques sont légalement couverts par l’ensemble de ces prestations. Un peu plus de 10 % ont ce droit dans la région des Amériques.
Quasiment aucun travailleur domestique n’est entièrement couvert dans les Etats arabes, l’Asie et Pacifique et l’Afrique. Selon l’OIT, ce sont pourtant des régions qui comptent des pays où les travailleurs domestiques sont employés en grand nombre.
En dépit de leur contribution vitale à la société, en aidant les ménages à répondre à leurs besoins les plus personnels et de soins, les 75 millions de travailleurs domestiques dans le monde se heurtent, pour la plupart, à de multiples obstacles qui les empêchent de bénéficier d’une couverture légale et d’un accès effectif à la sécurité sociale, comme l’explique le rapport. Ils sont notamment souvent exclus de la législation nationale sur la sécurité sociale.
Si peu de travailleurs domestiques jouissent d’une protection sociale complète, ils ont le plus souvent droit à des prestations de vieillesse, d’invalidité et de survivants et aux soins médicaux et, dans une moindre mesure, à des prestations de maternité et de maladie. La plupart d’entre eux n’ont pas accès aux prestations des régimes d’assurance sociale liés au chômage ou aux accidents de travail.
Les femmes représentent les trois quarts des travailleurs domestiques
Comme 76,2% des travailleurs domestiques (57,7 millions de personnes) sont des femmes, ces lacunes en matière de protection sociale rendent les femmes particulièrement vulnérables.
Plus globalement, les défis à relever pour assurer une couverture de protection sociale aux travailleurs domestiques sont « réels mais pas insurmontables », estime le rapport, indiquant plusieurs normes internationales du travail qui offrent des solutions.
Pour s’assurer que les travailleurs et travailleuses domestiques bénéficient d’une protection sociale complète, l’OIT veut concevoir des systèmes de prestations qui conviennent aux spécificités du travail domestique. Il s’agit ainsi de simplifier les procédures d’enregistrement et de paiement et développer des mécanismes de financement appropriés.
Il faut aussi garantir que les travailleurs domestiques bénéficient de conditions au moins aussi favorables que celles existant pour les autres travailleurs. Cela passe par une simplification des procédures administratives pour s’assurer que la couverture légale se traduise dans la pratique, selon l’OIT.
Il s’agit enfin de promouvoir les services d’inspection ainsi que les mécanismes de plainte et de recours pour assurer le respect du droit. Dans ce combat pour l’égalité, l’OIT veut sensibiliser les travailleurs domestiques et leurs employeurs à leurs droits et obligations.